Mérules (et autres champignons lignivores)

Mis à jour le 26/02/2020

Alors qu'auparavant aucun dispositif spécifique de lutte contre les mérules (champignons attaquant charpentes et boiseries) n'existait, la loi n°2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (dite loi ALUR) - article 76 - instaure désormais, sur le modèle de la réglementation applicable en matière de termites, des obligations insérées dans une nouvelle section du code de la construction et de l'habitation :

_ obligation à tout occupant (à défaut propriétaire) d'immeuble de déclarer en mairie dés qu'il en a connaissance la présence de foyer de mérule découvert. L'enjeu, par cette information déconnectée de toute mutation immobilière, est de constituer une photographie précise des zones infestées.

_ délimitation des zones de présence d'un risque de mérule avéré par arrêté préfectoral pris sur proposition ou après consultation des conseils municipaux interessés ayant reçu des signalements. Il n'existe pas à ce jour d'arrêté prefectoral de ce type pour le département de la Vienne.

_ obligation, lors d'une vente d'immeuble bâti situé dans une zone faisant l'objet de l'arrêté prefectoral "mérules", d'informer l'acquéreur de l'étendue du risque au moyen d'un diagnostic dont les conclusions sont annexées à la promesse de vente, ou à défaut, à l'acte authentique de vente.

Recommandations pour la prévention et lutte contre les champignons lignivores dans l'habitat :

Il existe de nombreuses espèces de champignons dits  lignivores qui ont pour particularité, en présence d’une humidité anormalement élevée, en milieu chaud et confiné, de dégrader les bois d’œuvre des bâtiments, affectant la qualité d’usage des édifices jusqu’à mettre en péril la solidité de la structure.

La plus connue, plus répandue, plus invasive et destructrice, se nomme Serpula Lacrymans, ou Mérule (surnommée communément « lèpre des maisons » ou encore « cancer de l’habitation »), ce champignon pouvant commencer son action destructrice à partir d’une humidité des bois de 20-22% en se nourrissant de la cellulose et la lignine contenu dans ce matériau (toutes essences confondues).

La mérule se manifeste en surface par l’apparition d’une substance semblable à de la ouate épaisse et blanche ou à une toile d’araignée qui vire ensuite au gris. Les filaments (appelés syrrotes) gris argenté du mycélium d’un diamètre de 6 à 8 mm peuvent aller jusqu’à plusieurs mètres de longueur ; ils s’insinuent subrepticement au cœur du bois et prospectent à travers les joints de maçonnerie (bâtiments mitoyens compris) pour trouver la source d’humidité nécessaire à sa survie. Lorsque les conditions sont réunies, l’infestation fongique se développe de façon impressionnante en grandissant dans toutes les directions jusqu’à 12 cm par semaine.

La mérule ne s’attaque pas aux bâtiments par hasard, les facteurs propices à son développement sont l’humidification récurrente et excessive associée à un niveau de température idéal entre 20 et 30°.
Un habitat bien conçu, convenablement entretenu et aéré ne saurait être infesté ; à côté des cas de fuite d’eau insidieuse ou d’inondation, et des résidences secondaires inoccupées pendant de long mois, c’est plus particulièrement le bâti ancien ayant subi une réhabilitation qui est victime du terrible champignon lorsque des modifications ont entrainé une diminution du renouvellement d’air par rapport à la situation initiale.

Parmi les signes qui doivent alerter tout occupant du lieu on peut citer tout d’abord une odeur caractéristique de champignon, et des traces visibles suspectes de petites tâches de mousse blanche, des poussières orangées, des éléments en bois ramollis ou gondolés... Les efflorescences brunes qui apparaissent sur les supports (murs, sols ou plafonds) sont déjà la traduction d’une évolution très avancée de la mérule !

En tout état de cause, si la présence de mérules est suspectée, il convient de réagir très vite pour le cas échéant tenter d’endiguer le mal : un diagnostiqueur sera à même de traduire le type exact de champignon et identifier les zones infestées (la mérule peut par exemple être confondue avec le « coniophore des caves », cependant ce dernier attaque des bois à des humidités supérieures à 40% et prend une couleur très claire ; d’autres formes de champignons lignivores peuvent par ailleurs être rencontrées...).

Lorsque la présence de mérules est avérée, l’examen des locaux par un expert permettra de déterminer les mesures à prendre pour leur éradication. La résolution du problème d’humidité est un préalable avant le traitement curatif proprement dit par une société spécialisée chargée de purger les bois dégradés et de les traiter à l’aide de produits fongicides.

Travaux d’assainissement, mesures d’assèchement, traitement parasitaire, remplacement des bois abîmés, reconstruction des maçonneries disloquées : des opérations parfois au final très coûteuses alors que les sinistres ne sont généralement pas couverts par les assurances...

Il est important de rappeler que, comme un autre type de parasite menaçant les bâtiments qu’est le termite, ce dangereux champignon est bien souvent invisible pour le particulier. Il est notamment fortement recommandé aux acquéreurs d’un logement d’être vigilants quant à des traces d’humidité anormales en prenant toute précaution utile avant achat du bien pour savoir si il n’est pas infecté. Un arrêt de la Cour de cassation a en outre reconnu que, pour tout acheteur de bien immobilier non professionnel du bâtiment, la présence de mérule est un vice caché permettant de demander des indemnités, la restituition d'une partie du prix, ou encore l'annulation de la vente.

Documentation utile :

 

Liens :

Le site du ministère de la transition écologique et solidaire

La rubrique « risques champignons » du site internet CTBA+ - Certification de service traitement et protection des bois