La forêt dans la Vienne

Mis à jour le 13/05/2024
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© Formations végétales de la forêt de la Vienne, IGN, 2007
Caractéristiques de la forêt de la Vienne

Caractéristiques de la forêt de la Vienne : une forêt peu présente mais très diversifiée.

Avec 129 000 ha boisés, les forêts de la Vienne représentent 18 % du territoire départemental. Ce taux de boisement est inférieur à la moyenne nationale de 31 %, mais on constate une tendance à l’augmentation régulière des surfaces forestières (en 30 ans, on est passé de 100 000 à 129 000 ha). Cette augmentation est principalement due à des reboisements naturels de terres agricoles abandonnées, et dans une moindre mesure à des plantations volontaires de bois.

La forêt de la Vienne est une forêt d’origine ancienne, avec environ 50 % des boisements existant depuis plus de 150 ans.

Elle est composée majoritairement de feuillus (80%), et caractérisée par une grande variété des essences. Les essences principales sont le chêne sessile, le chêne pédonculé, le chêne pubescent, le châtaigner, le peuplier et le robinier (pour les feuillus), le pin maritime, le pin sylvestre et le pin laricio (pour les résineux).

La pluralité des essences, des sylvicultures et des habitats naturels en font une forêt riche et d’une grande diversité.

Nature des propriétés forestières

L’éclatement du couvert forestier est très marqué : plus de la moitié des massifs couvrent une surface inférieure à 10 ha. Sur un peu plus de 2700 massifs, seuls 12 dépassent les 1000 ha.

La propriété forestière de la Vienne est très majoritairement privée, à 92 %, bien au-delà de la moyenne nationale de 75 %, et très morcelée, avec environ 60 000 propriétés forestières, et une taille moyenne de propriété d’ 1,8 ha. Seuls 10 % des propriétaires ont une surface forestière supérieure à 4 ha, mais ces derniers représentent 74 % de la superficie forestière privée.

Pour le reste, ce sont des forêts domaniales comme celle de Moulière ou de Châtellerault. Dans ces forêts domaniales, on trouve des pins maritimes en majorité, contrairement aux feuillus des forêts privées.

Les rôles de la forêt

En Vienne comme ailleurs, la forêt a plusieurs fonctions :

  • forêt de production, représentant un volume total de bois sur pied inventorié d’environ 20 millions de m³ (données IFN 2018), exploitée sous forme de prélèvements pour le bois d’oeuvre – 134 700 m³ – d’industrie – 54 300 m³ – et de chauffage – 80 700 m³ de bois ronds sur écorce (données AGRESTE 2018), sans compter l’autoconsommation pour le bois de chauffage, difficile à estimer,
  • siège d’activités cynégétiques, avec 12 500 chasseurs pour un territoire chassable de 665 000 ha (69 % en ACCA, 30 % en territoires privés et 1 % en forêts domaniales). Près de 350 parcs (de chasse, d’agrément ou d’élevage de gibier) sont recensés par la DDT direction départementale des territoires, couvrant environ 15 500 ha,
  • lieu d’accueil du public, dans les grandes forêts domaniales (Moulière, Vouillé, Saint-Sauvant et Châtellerault) et les forêts des collectivités territoriales (Bois de Saint-Pierre, communauté de commune de Loudun – forêt de Fondoire…),
  • environnementale : la forêt est un véritable écosystème, abritant de nombreuses espèces strictement forestières et présentant une grande diversité d’habitats : de la strate arborée au sol en passant par la présence de bois mort ou de mare, de nombreux milieux interagissent. La forêt joue également un rôle de protection vis-à-vis des nappes souterraines, et de stockage du carbone.

Les risques pesant sur la forêt et les enjeux de gestion

Le risque incendie

La Vienne fait partie, depuis plus de 20 ans, des départements considérés, au titre de l’article L133-1 du code forestier, comme particulièrement exposés au risque d’incendie de forêt.

La Vienne a en effet été touchée par de grands incendies, jusque dans les années 80, notamment dans le nord du département au moment de la construction de l’autoroute A10.

Avec des étés de plus en plus chauds et secs, et sur des durées plus longues, le changement climatique vient accentuer le risque incendie pesant sur les massifs forestiers.

Pour anticiper et gérer ce risque, un plan départemental de protection des forêts contre les incendies (PDPFCI) est en vigueur sur la période 2015-2024 et cible 18 massifs considérés comme particulièrement exposés au risque feux de forêt.

De nombreux services sont impliqués dans sa mise en œuvre. Des actions de communication sur les obligations légales de débroussaillement ont notamment été menées en 2023 à destination des élus des massifs à risque.

Pression cynégétique

La Vienne fait partie des départements français dotés de très fortes populations de cervidés : avec près de 2 900 grands cervidés attribués sur la dernière saison cynégétique et un taux de réalisation de près de 82 %, la Vienne se situe sur le podium national des attributions de cerfs.

Ces cervidés, dont les populations ont été volontairement développées pendant plusieurs dizaines d’années, créent aujourd’hui de forts dégâts, tant agricoles que forestiers, remettant en cause la notion d’équilibre agro-sylvo-cynégétique. Du point de vue forestier, ces très fortes populations sont susceptibles de remettre en question les capacités de régénération des forêts, et donc à terme leur avenir.

L’un des grands enjeux de gestion aujourd’hui consiste donc à assurer une régulation suffisante pour garantir des possibilités de régénération des plantations forestières. Malgré des attributions en hausse depuis quelques années, on continue à constater une augmentation des populations de grands cervidés dans la Vienne.

Des travaux de suivi des ICE (indicateurs de changement écologique) sont mis en place, notamment sur le massif de Moulière via le dispositif Sylvafaune, pour adapter au mieux la gestion de l’espèce aux capacités du milieu, en collaboration entre les différents acteurs concernés.

Effets sanitaires du changement climatique

Le changement climatique accentue les risques existants et introduit de nouvelles problématiques.

On constate ainsi que certaines essences sont particulièrement touchées par des dépérissements, au moins en partie imputables au changement climatique :

  • le châtaignier, avec le développement de la maladie de l’encre ou encore du chancre, notamment liés à l’âge ancien des taillis,
  • le pin sylvestre et le chêne pédonculé, particulièrement sensibles aux périodes répétées de sécheresse.

 

Le réseau des correspondants-observateurs du DSF (département santé des forêts, gérés par la DRAAF direction régionale de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt), permet un suivi au plus près du développement de ces problématiques sanitaires pour permettre l’adaptation des massifs à ces contraintes.